Réalisation : Alain Payet
Année : 1976
Origine : France
Durée : 106 min.

Restriction : -18 ans
Diffusion : DCP
Séance :
mercredi 13 avril 2022 à 21h45
Cinéma Comoedia
Furies Sexuelles
Marie-Madeleine, vendeuse dans une boutique de lingerie, est licenciée après avoir refusé de céder aux avances d’un (bon) client. Mère célibataire, elle s’enfonce alors dans la prostitution pour tenter de survivre. Son parcours va rapidement devenir avilissant et sordide.

Alain Payet, avant de s’appeler John Love et de basculer dans les années 80/90 dans ce qui est appelé le Hard-Crad (l’opposé du Porno Chic), fut assistant réalisateur sur des productions classiques (films et séries) puis oeuvra avec Lucien Hustaix dans la gaudriole paillarde dans les années 70. Il réalisa aussi à cette époque plusieurs films pour la firme « fauchée » Eurociné.
Furies Sexuelles, figurant parmi ses premières réalisations pornographiques, s’engouffre à corps perdu sur le terrain social voire sociologique. Sa thématique, où sexe, lutte des classes et argent sont omniprésents, reste bigrement d’actualité. Il se murmure que le co-scénariste, le célèbre producteur de cinéma bis Robert de Nesle, y a fortement contribué.
Ainsi, Marie-Madeleine est constamment poussée à agir, à vivre contre son gré pour pouvoir survivre. L’argent est partout, dès la première séquence dans la boutique de lingerie où il faut « payer pour voir », jusqu’à la dernière bobine du film où l’on pénètre un cercle de bourgeois assouvissant fantasmes et perversions. Il en résulte que les scènes de sexe à l’écran semblent faussées car ne se déroulant pas classiquement, pas « comme d’habitude » dans ce type de production où le plaisir des acteurs est d’ordinaire logiquement communicatif. Le malaise qui en découle est palpable et il n’y a pas la moindre place pour des scènes légères. L’ambiance nauséabonde atteint son paroxysme lors de deux séquences assez scabreuses, comme chacun pourra constater par lui-même.
Visuellement étrange (le jeu d’éclairage rougeâtre y participant), auditivement agaçant (ah, cette ritournelle qui n’en finit pas), la forme s’accorde au ton du film afin que tout soit fait pour amener le spectateur dans l’angoisse et parfois l’écœurement.
Une sorte de (chef-) oeuvre porno-social horrifique.
Payet déclara un jour : « Ceux qui ne se branlent pas sur des films pornos sont des malades. »
Au regard du film, on est en droit de se demander qui est le véritable malade.
À méditer.

En collaboration avec Vinegar Syndrome et American Genre Film Archive.