À Travers le Miroir

Hallucinations Collectives est mort. Vive Hallucinations Collectives ! Dix ans c’est un bel âge pour un festival. C’est long 10 ans quand on y pense ; pour les plus jeunes d’entre nous c’est même toute leur existence. Pour les autres, un sacré coup de vieux, peut-être quelques cheveux blancs, et les premiers symptômes d’une lassitude chronique qu’on appelle vieillesse. Onze éditions passées à explorer le cinéma en tout genre, à tenter d’en cerner les mille facettes en évitant de se répéter. Trouver chaque année de nouvelles thématiques qui permettent film après film de tracer une histoire alternative du cinéma, non pas circulaire mais toujours tendue vers l’horizon, nous ouvrant chaque saison des perspectives nouvelles. Cette course en avant ne pouvait pas durer éternellement.

Et de fait, pour cette 11ème édition, nous avons cédé à la facilité. Plutôt que de prendre le risque de proposer cette année encore une thématique inédite, nous avons opté pour le remake de l’une de celles qui ont eu le plus de succès par le passé, comme n’importe quel vulgaire producteur à gros cigare. Oh, bien sûr, les plus indulgents d’entre vous diront que plutôt qu’un remake, c’est d’une séquelle qu’il s’agit, que ce n’est pas bien grave, qu’on n’avait pas tout dit la première fois, que ça fait partie du jeu : on se répète toujours un peu, même les grands artistes n’inventent jamais tout à fait. Vous êtes gentils, mais rendons nous à l’évidence : si nous avons créé le festival c’est aussi en réaction épidermique à l’état du cinéma, devenu à l’aube du XXIème siècle ce monstre boursouflé, sclérosée par la répétition, où seuls semblent trouver grâce aux yeux des producteurs les adaptations, remakes et suites de toute sorte.

Donc, voilà, mea culpa, on a refait « Alice », la thématique de 2010. Un très grand cru, 2010. Cette année-là, nous avions battu tous les records de fréquentation, malgré un temps radieux qui invitait à flâner aux terrasses des cafés. On a refait la théma « Alice au pays des Merveilles ». Sans vergogne, sans remord, puisque, sans même essayer de faire profil bas, de refourguer discrètement notre idée éventée, nous avons crânement intitulé cette nouvelle théma « À travers le Miroir », afin que personne ne soit dupe, et pour essayer de refaire le coup de 2010… Maintenant il faut assumer : ce stigmate, il faut le porter haut, et, puisque nous y voyions le symptôme de la décadence du cinéma hollywoodien, d’une maladie de l’imagination qui l’entraîne irrémédiablement à sa perte, il faut bien reconnaître dans ce signe que nous exhibons à notre tour, le symptôme du même dépérissement.

C’est le début de la fin. Hallucinations Collectives est mort.

Vive Hallucinations Collectives !

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