Dans la plus pure tradition des récits initiatiques, la programmation de cette année vous propose trois films qui ont pour point commun de saisir ce moment très particulier de l’enfance où l’insouciance cède la place à une lucidité glaçante, où se dévoile progressivement aux yeux de l’enfant parvenu au seuil de l’adolescence l’étendue complexe de la relation que les adultes entretiennent au monde.
Le cinéma fantastique, qui se nourri volontiers de ruptures de toute sorte, s’est parfois inspiré de cette métamorphose aux contours incertains – et pourtant déterminante pour l’adulte qui lui survivra – : la fin de l’innocence.
Dans La Compagnie des Loups, parodie des fables moralisatrices d’un temps où le conte occupait la place aujourd’hui dévolue au cinéma, la jeune héroïne est mise en garde par sa grand-mère contre la bestialité des hommes ; bien entendu, cela ne l’empêchera pas de céder à la séduction du loup, répétant les gestes d’une pantomime maintes fois jouée comme si elle ne pouvait échapper au dénouement d’un conte immémorial.
C’est sur le mode impressionniste que L’Enfant Miroir choisit de mettre en image cette rupture : l’imaginaire un peu désespéré avec lequel le jeune héros tente de mettre en déroute la réalité sordide de sa situation familiale contamine par petite touche la plastique du film, ressuscitant à l’esprit du spectateur le sentiment angoissant de devoir abandonner les rivages où l’enfant peut imaginer à sa guise pour suivre la route sans surprises d’une vie d’adulte.
L’Été où j’ai grandi place quant à lui sa narration dans un contexte particulier, celui de l’Italie rurale et méridionale de la fin des années 70, pays en pleine vague de violences mafieuse et politique. Et si le chemin du jeune protagoniste principal semble éloigné de telles considérations, son accession tâtonnante à la responsabilité pourrait bien prendre des dimensions symboliques et métaphoriques à une échelle plus large.