Carte blanche à Christophe Gans

Il faut d’abord que je vous avoue mon désarroi quand on m’a proposé cette carte blanche à Lyon… Tant d’interrogations, de tergiversations pour choisir trois titres… Allais-je basculer en mode cinéphile vénérable et choisir trois oeuvres reconnues, communément acceptées comme importantes ? Ou bien en cinéphage notoire opter pour trois titres improbables décrochés à mon panthéon personnel ? C’est finalement le fan qui l’a emporté en moi, l’admirateur des stylistes de la caméra , celui qui a toujours pensé que le nom du réalisateur primait sur tous les autres. Et qui avant de devenir lui-même cinéaste a choisi d’être journaliste pour mieux rencontrer et même côtoyer certaines de ses idoles…

Où se cache donc le rapport entre les trois films qui composent ma carte blanche ? A savoir un film de samourai nihiliste, interdit de projection durant des décennies y compris au Japon, un thriller baroque dans les arcanes du folklore de l’Italie du Nord et enfin un film de guerre high-tech et pourtant intrinsèquement barbare… Il réside dans l’inventivité formidable d’Hideo Gosha, Dario Argento et Ridley Scott, trois cinéastes-démiurges, trois héraults de l’image pure, trois créateurs de formes qui ont toujours refusé de penser que le cinéma était cette expression déjà centenaire et de fait vénérable mais plutôt un espace libre et sauvage où rien n’est jamais figé, jamais définitif… La prodigieuse modernité de ces trois films — dont l’influence continue à se faire sentir dans tous les arts et pas seulement dans le 7ème ! — résonne plus que jamais comme un défi lancé aux générations de cinéastes à venir !

Christophe Gans