Hallucinations Collectives

À la sortie du tournage de Love Exposure, sa grande œuvre qu’il estime avoir ratée, Sion Sono sombre dans une dépression dont Cold Fish sera la matérialisation artistique. L’auteur s’éloigne du script de Yoshiki Takahashi et de l’authentique fait divers sordide dont il s’inspirait, et fonce tête baissée dans les ténèbres les plus étouffantes. La luminosité mystique qui animait Love Exposure s’est éteinte. Les plans sont froids, l’esthétique peu aimable, la structure en cercles concentriques et répétitifs. Le récit est pris de hoquets, la routine dérape de plus en plus brutalement. La violence, sèche, distante, laisse place à des visions d’horreur impossibles à rationaliser. Le mal s’étend, contamine tout. Sion Sono a toujours fait du rapport au père un thème central de son cinéma, il entend ici lui régler son compte à coups de pelle dans la gueule et brûler les restes dans un brasero. Prévoir entre quelques jours et toute une vie pour s’en remettre.