La soirée de la Provoc’ et du Mauvais Goût

“Le mauvais goût c’est la provoc’ du peuple. La provoc’ c’est le mauvais goût des intellos.” 

Jean-François Bizot

C’est par cette citation que démarre, le samedi 11 juin 1994, “La Nuit de la provoc’ et du mauvais goût” sur la chaîne Canal +. À l’aube de ses dix ans, les “nuits” étaient une véritable institution sur la chaine cryptée, et les équipes de programmation bouillonnantes de créativité de C+ nous proposaient assez régulièrement différents grands moments de télévision tels que “La Nuit gay”, “La Nuit de l’œil du cyclone” ou “La Nuit gore”, pour ne citer que les plus emblématiques.

Cette « Nuit de la provoc’ et du mauvais goût » a eu cet impact de réveiller en nous l’envie de découvrir tout un pan d’une sous-culture quasi invisible à l’époque, en mélangeant habilement des interviews, des extraits de films, des pubs interdites et des vidéoclips hauts en couleur, afin de célébrer avec panache le dégueulasse et le choquant. Au fil de la nuit, parmi une série de segments exubérants, nous étaient proposés trois films : Polyester de John Waters (que l’on pouvait suivre en odorama, si si), Le Mari de Léon de Jean-Pierre Mocky, et l’imparable C’est arrivé près de chez vous des belges Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde.

Vingt-sept ans plus tard, qu’est-ce qui est désormais provoc, qu’est-ce qui est de mauvais goût ? Nous allons tenter de répondre à cette question un brin compliquée, surtout à notre époque où il est coutume de se déchirer pour un rien sur les réseaux sociaux, sur ce qui relève ou non de la provocation. Il est certain que sur la notion de mauvais goût, rien n’a changé depuis 1994, et que dans trente ans il en sera encore de même. Mais pour la provocation, c’est un numéro d’équilibriste périlleux que nous allons nous apprêter à réaliser lors de cette soirée.

Vous aurez l’occasion de voir deux films, dignes représentants de ces deux adjectifs. Le malpropre Torrente, avec l’un des protagonistes principaux les plus odieux jamais portés sur un écran de cinéma, ainsi que le provoquant Ichi the Killer qui a tant fait couler d’encre à l’époque de sa sortie. Ce dernier vous sera proposé lors de cette soirée dans une superbe copie restaurée par la Cinémathèque de Bologne (à qui l’on doit des travaux de préservation et de restauration sur des chefs-d’œuvre comme La Strada ou À Bout de Souffle). Savoir qu’une telle institution a entrepris de redonner sa splendeur au film le plus sadique de Takashi Miike, ne serait-ce pas ça, la vraie provoc en 2021 ?

Attention, soirée réservée pour un public TRÈS TRÈS averti.

Ichi The Killer
03 / 09 / 2021 - 19h30
Torrente
03 / 09 / 2021 - 19h30