Réalisation : Jesús Franco
Année : 1974
Origine : France
Durée : 95 min.

Restriction : -16 ans
Diffusion : DCP
Séance :
dimanche 31 mars 2024 à 11H00
Cinéma Comoedia
En présence de
Robert Morgan
Les Possédées Du Diable

Patrick doit sa fortune à un pacte diabolique scellé avec Lorna. Aux 18 ans de sa fille Linda, celle-ci vient réclamer son dû à Patrick : l’esprit et la virginité de l’adolescente. L’homme s’y refuse et l’affronte alors.

Je n’en suis qu’à une quarantaine de films visionnés dans la filmographie massive de Jess Franco (plus de 180), mais je suis un fan inconditionnel. Ses rêveries bancales et hypnotiques sont presque impossible à décrire — ou à défendre — et l’atmosphère qu’il crée laisse un goût auquel il faut s’habituer, mais si vous arrivez à pénétrer ses eaux troubles et excentriques, vous y trouverez un univers visuel que peu de réalisateurs ont réussi à bâtir.

Les Possédées du Diable est, pour moi, du Franco de haut vol. L’intrigue est à la fois une interprétation transgressive de la narrative du “pacte avec le Diable”, et un conte initiatique incestueux… Lorna est une sorcière vampirique avec des yeux incroyablement bien maquillés qui, dans le décor d’un casino miteux, use de ses charmes pour infiltrer une riche famille en vacances afin d’honorer un pacte scellé bien années auparavant. D’un point de vue narratif, Les Possédées du Diable est inventif et reste l’un des films les plus pervers et sexuellement explicites de Franco, mais comme à l’accoutumée avec ses meilleures œuvres, il l’est autant pour son atmosphère que pour son histoire. C’est son côté vaporeux et rêveur sur fond de destin tragique qui vous hantera après son dénouement pervers, tordu et dérangeant.

Toutes les caractéristiques de Franco sont là : des scènes de sexe hypnotiques, longues et désorientantes ; une bande-son époustouflante ; l’architecture onirique et les espaces-frontières typiques des complexes touristiques ; des images étranges et perturbantes (je ne pourrai plus jamais regarder un crabe sans repenser à ce film) ; des scènes qui semblent suspendues dans le temps ; et bien sûr, des zooms lents sur des toisons pubiennes… le tout, filmé dans le style aérien et libéré de toutes contraintes formelles propre à Jess. Cela demande de la patience, mais si vous vous soumettez à l’envoûtement singulier de Franco, alors vous vivrez une expérience profondément gratifiante et subjuguante.

— Robert Morgan